Rapport de Marché France – Septembre 2022

Philippe MALLETROIT • 23 septembre 2022

Retour sur le SPACE 2022

Le salon SPACE vient de se terminer, après s’être tenu du mardi 13 au jeudi 15 Septembre à Rennes. Tout d’abord, le SPACE s’est déroulé cette année sur 3 jours au lieu de 4 les années précédentes. Comme beaucoup d’autres exposants, nous pensons que c’est une bonne chose, car très souvent les visiteurs étaient moins nombreux lors de la 4ème journée (vendredi).


Quelques observations sur cette édition 2022 :


- Tout d’abord nous pensons que le nombre de visiteurs est en baisse par rapport aux éditions précédentes d’avant COVID, et ce en particulier pour les visiteurs internationaux. Qui plus est, plusieurs emplacements étaient vides, preuve d’un moins grand nombre d’exposants également. Les temps sont durs pour les productions animales, d’où une moindre participation de certaines entreprises de l’élevage, et une moindre grande mobilisation de certains éleveurs de venir. Tout ceci se comprend aisément. Néanmoins, les éleveurs ayant fait le déplacement avaient un but bien précis, et les rencontres étaient de qualité.


- Comme chaque année, l’organisation du SPACE était très bonne, et ce salon est le salon de référence des productions animales en France.


Récolte du Maïs
Cette année, en raison des fortes chaleurs de l’été et de la sécheresse, la récolte de maïs a été avancée d’environ une douzaine de jours par rapport aux 5 dernières années. Beaucoup d’éleveurs nous faisaient part d’une récolte plus faible de 25 à 30 % par rapport à l’année dernière.


Attentes des éleveurs de porcs
Au travers de nos différentes discussions avec des éleveurs, deux choses ressortent : l’incertitude du marché et le problème majeur du manque de main d’œuvre. 


Concernant le marché, et en raison des évènements des derniers mois comme la guerre en Ukraine et les pandémies de COVID à l’échelle mondiale, les hausses du prix de l’énergie et des matières premières se sont emballées, affectant le seuil de rentabilité et entrainant des pertes très importantes chez les éleveurs de porcs. Aujourd’hui, malgré un prix du porc historiquement haut (2.044 € le kg carcasse), la situation reste encore fragile chez certains éleveurs, notamment dans des systèmes hors-sol avec 100% d’achat d’aliments du commerce. Il semble évident que les éleveurs fabriquant leur propre aliment et disposant de surfaces suffisantes auront plus de chance d’être là demain.


Par ailleurs, la quasi-totalité des éleveurs rencontrés nous faisaient part de l’énorme difficulté à recruter de la main d’œuvre. Le constat est qu’il y a de moins en moins de candidats pour travailler en élevage. Aussi, beaucoup de producteurs souhaitent garder aussi longtemps que possible leurs employés surtout lorsque ceux-ci sont compétents. Plusieurs producteurs nous disaient pourtant qu’en raison de génétiques hyper-prolifiques qu’ils utilisaient et qui demandent un très haut niveau de management (mise au colostrum des petits porcelets, allotements systématiques des portées, sevrages précoces et truies adoptives…) ils avaient peur de perdre leurs salariés. Qui plus est aujourd’hui, avec les normes de bien-être qui s’imposent aux éleveurs (gestation en groupe, case maternité bien-être, arrêt des coupes de queue…) de nombreuses génétiques sont de moins en moins adaptées (fragilité et mortalité des truies, caudophagie et cannibalisme…). La truie Genesus, prolifique mais non hyper-prolifique, facile à conduire, robuste et rustique, répond parfaitement à ces nouvelles attentes.


Qualité de viande et marché Français
Certains pays d’Europe comme la France, on a un marché dit « ultra maigre », c’est-à-dire que plus les porcs charcutiers sont maigres
(TMP élevé) plus ils sont payés. Tout le monde s’accorde à dire qu’il n’y a pas de marché pour la viande de porc présentant un fort niveau de persillé (=goût) en France car ces mêmes cochons ont évidemment un bien moins bon TMP.

C’est amusant, car ces dernières années, le nombre de viandes de porc (jambon notamment) en provenance d’Espagne de race Ibérique ou Duroc a augmenté fortement dans bons nombres de supermarchés (il y a 10 ans, ces viandes étaient difficiles à trouver). La race Ibérique par exemple, souvent croisée avec un Duroc, présente un très haut niveau de persillé, mais également un extrême niveau de gras. Cela semble donc dire qu’il y a bien un marché pour ces viandes en France, mais que notre système actuel de classement des carcasses n’est pas adapté.


Qui plus est chez Genesus, nous vendons un nombre important de verrats Duroc Jersey Red que nous avons sélectionné sur le persillé de la viande (et non le maigre) à d’importants producteurs… Espagnols. Producteurs qui le plus souvent exportent ces mêmes produits en… France. Ne pourrions-nous donc pas faire la même chose nous en France et produire ces animaux présentant une vrai différence de persillé et de goût auprès de nos supermarchés français ?